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La rupture amoureuse à l'adolescence

Sujets abordés
dans cette section

1 La rupture à l’adolescence

2 Comment aider mon jeune?

1 La rupture à l’adolescence

La plupart des jeunes vivront un jour ou l’autre une rupture amoureuse. En tant que parent/adulte de confiance il importe de bien comprendre ce que les jeunes peuvent ressentir lors de cette période, afin de mieux les aider à y faire face. La présence de soutien dans cette période est cruciale, dont le vôtre. En effet, votre soutien peut permettre à votre ado de trouver un sens à ce qu’il∙elle vit, de réduire ses incertitudes, de lui apprendre à se réajuster et de se reconstruire suite à la rupture.

Plusieurs questionnements peuvent mener à la décision de rompre avec son∙sa partenaire. Les sentiments amoureux ne sont parfois pas suffisants pour rester en relation : l’amour est essentiel à une relation amoureuse, mais il n’est pas suffisant à lui seul. Les ados peuvent aussi se demander si la rupture serait la bonne décision à prendre si la communication n’est pas positive dans sa relation, s’il y a des désaccords répétitifs, s’il y a plus de mauvais moments que de beaux moments, si ses valeurs et ses opinions sont respectées ou non dans sa relation, etc. Avant de rompre, il est normal de se sentir mélangé∙e et avoir peur de ne pas prendre la bonne décision.

La rupture à l’adolescence

La rupture amoureuse peut causer une multitude d’émotions, autant pour la personne qui décide de rompre que pour l’autre personne qui doit accepter cette décision. Pour certain∙es ados, elle est accompagnée d’émotions douloureuses telles que le chagrin, la colère, l’incompréhension, la peine, voire le désespoir. Pour d’autres, la rupture sera plutôt signe de soulagement, de paix.

Il est important de rappeler aux ados d’être à l’écoute de leurs sentiments face à la relation et de les encourager à identifier ce qui est le mieux pour eux.

 

Une rupture amoureuse peut être similaire à un deuil. En effet, l’ado vit le deuil d’une relation avec une personne qu’il∙elle appréciait et avec qui les souvenirs sont parfois nombreux. Le deuil de l’entourage de cette personne, comme sa famille et ses ami∙es est aussi à considérer.

Dans une relation intime/amoureuse, souvent, les groupes d’ami∙es des deux partenaires se chevauchent, les activités sont partagées et le concept du « nous » prend de plus en plus d’ampleur. Lors de la rupture, le concept de soi (Qui suis-je comme individu ?) est souvent à redéfinir, sans la présence de l’ex-partenaire. Les jeunes mentionnent aussi que la rupture entraine parfois une peur de ne pas trouver un∙e autre partenaire, un découragement face à l’effort nécessaire au fait de bâtir une nouvelle relation avec une personne qu’on devra apprendre à connaître. Dans cette lignée, les jeunes peuvent alors vivre différentes étapes associées au deuil. Bien sûr, les étapes ne sont pas toujours franchies dans cet ordre et tout le monde ne traversera pas toutes les étapes. Il est aussi possible que certaines étapes durent plus longtemps que d’autres.

Une rupture amoureuse peut être similaire à un deuil

1. La négation

L’ado refuse de croire que la rupture amoureuse s’est réellement produite. Il·elle peut se sentir en état de choc ou ressent de la confusion par rapport à ce qu’il·elle vit.

2. La colère

L’ado ressent de la colère vis-à-vis son·sa ex-partenaire. L’ado peut se sentir trahi·e, abandonné·e et en vouloir à la personne qui l’a quitté·e. Souvent, cette phase aide au détachement envers l’ex-partenaire.

3. La culpabilité

Durant cette phase, on a tendance à se remémorer certains moments de la relation, en se disant que nous aurions pu faire les choses autrement pour possiblement maintenir la relation. La culpabilité peut être une émotion douloureuse et peut provoquer une détresse réelle chez la personne qui l’expérimente.

4. La tristesse

Durant cette phase, la tristesse peut prendre une place importante chez l’ado, ce qui peut nuire à ses activités quotidiennes et à son intérêt habituel envers certaines occupations. Durant cette période, réaliser que la relation est bien finie peut amener de la souffrance. La tristesse est exprimée de façon différente pour chaque jeune : elle peut s’accompagner de pleurs, d’un besoin d’être seul·e ou au contraire de ventiler aux personnes autour d’eux.

5. L’acceptation

L’ado commence à accepter la rupture et les émotions sont moins vives. La rupture peut encore prendre une place importante dans ses pensées, mais souvent, durant cette phase, l’ado est capable de nommer des aspects positifs de la rupture. L’avenir peut lui sembler beau, malgré la perte de la personne.

La première rupture est parfois vécue avec une intensité qui peut être difficile à comprendre. Bien sûr, chaque jeune vit sa peine d’amour avec une intensité et une durée différente. Il reste que pour certain∙es ados, la première peine d’amour provoque un déséquilibre important, qu’il faut prendre au sérieux. La perte peut être importante en considérant que votre jeune accordait une grande confiance à une autre personne, qu’il∙elle partageait son intimité avec quelqu’un, qu’il∙elle expérimentait les sentiments amoureux, etc.

Les jeunes peuvent avoir des craintes par rapport à leur avenir, en raison de projets planifiés avec l’autre personne, peuvent se remettre en question et avoir l’impression qu’ils∙elles n’iront jamais mieux. Il est donc très important de ne pas minimiser les émotions vécues par votre jeune, même si, à priori, elles peuvent vous sembler disproportionnées. Comme pour les adultes, l’amour n’est pas banal pour les jeunes, et la rupture ne l’est pas non plus.

La première rupture est parfois vécue avec une intensité

Comment passer à travers une rupture amoureuse?

Les questions que plusieurs jeunes et parents/adultes de confiance se posent : Quand vais-je aller mieux? Quand mon ado ira mieux? Quand reprendra-t-il·elle ses activités normales, arrêtera de souffrir?

Sans surprise, il n’existe pas de recette miracle pour aller mieux et arrêter de souffrir lorsqu’on traverse une rupture amoureuse. Le passage du temps aide à réduire l’intensité des émotions, comme pour bien d’autres difficultés.

Le fait d’offrir un espace pour se confier, pour parler de comment il∙elle se sent, sans jugement, et autant de fois qu’il∙elle en ressent le besoin, est le plus grand pouvoir que détient un parent face à la rupture que vit l’ado.

Comment passer à travers une rupture amoureuse?

N’hésitez pas à dire à votre jeune qu’il∙elle a le droit et que c’est correct de se sentir comme ça, de pleurer, d’avoir le goût de ne rien faire. D’ailleurs, si votre jeune a initié la rupture, ses émotions et son mal-être sont tout autant justifiés. Chaque relation est unique, chaque parcours intime l’est également et c’est ce qui rend chaque rupture différente. Ainsi, les émotions positives de soulagement, de liberté, l’envie de rencontrer quelqu’un d’autre rapidement, sont des réactions tout aussi légitimes que le fait d’avoir de la peine et de ne plus avoir envie de sortir de son lit.

Accepter de vivre les émotions difficiles et douloureuses qui se présentent sera plus efficace que de tenter de les repousser à tout prix.

Se remettre en action

Tranquillement, après avoir vécu une gamme d’émotions, il est important de se remettre en action. Après une rupture, il est parfois difficile pour l’ado de se rappeler ce qu’il∙elle faisait avant la rencontre avec l’autre parce que plusieurs activités étaient partagées avec l’autre, plusieurs ami∙es étaient communs avec l’autre, etc. Vous pourriez aussi lui demander s’il∙elle a découvert de nouvelles passions en compagnie de l’ex-partenaire et s’il∙elle souhaite continuer à les pratiquer seul∙e ou en compagnie d’autres personnes. Cela peut l’aider à mieux vivre la transition entre le fait d’être en relation intime ou amoureuse et de pratiquer ces activités au quotidien avec l’ex-partenaire et de développer de nouvelles habitudes seul∙e ou en compagnie de pairs. On a parfois tendance à questionner les jeunes sur ce à quoi ressemblait leur vie AVANT de rencontrer l’ex-partenaire, alors que cette relation et la rupture fait maintenant partie de son vécu. Il∙elle doit s’adapter à sa nouvelle réalité.

Se donner un petit défi par jour, pour débuter, ça peut aussi aider à se remettre tranquillement en action. Cela peut-être aussi simple que d’aller prendre une marche avec de la musique qu’on aime, appeler un∙e ami∙e, cuisiner, etc. Le but est d’apprendre à nouveau à occuper son temps sans l’autre.

Comment vais-je réussir à me remettre de ma rupture?

Se remettre en action

Du positif à travers l’expérience de la rupture?

On parle souvent des difficultés que les jeunes traversent lors d’une rupture. Peut-il y avoir également du positif à travers cette expérience?

Suite à une rupture, les jeunes prennent parfois conscience de certaines choses comme l’importance de prendre soin de soi, d’entretenir une relation saine et égalitaire, de conserver de belles relations amicales même lorsqu’on a une relation amoureuse. La rupture peut permettre une remise en question qui peut être déstabilisante, mais enrichissante aussi. Certain∙es jeunes sont davantage conscient∙es de ce qu’ils∙elles recherchent pour leurs futures relations. Ils∙elles peuvent aussi s’investir dans de nouvelles activités ou dans des projets qui leur tiennent à cœur.

La rupture demeure une phase souvent difficile, dans laquelle la capacité à s’adapter et à faire face à l’adversité est mise à l’épreuve. Au cours de son cheminement vers l’acceptation, les ados découvrent parfois des outils qu’ils∙elles ne connaissaient pas. La rupture permet donc aux jeunes de développer des outils et des stratégies pour s’en sortir quand ça ne va pas.

Du positif à travers l’expérience de la rupture?

Généralement, lorsque la rupture amène une certaine souffrance, le fait de réfléchir aux aspects positifs de la rupture ne se fait pas dans les premiers jours ni dans les premières semaines. Pour chaque personne, encore une fois, le vécu est différent, et lorsque vous sentirez que votre jeune est prêt∙e. Il peut être intéressant de l’amener à réfléchir à ce qu’il∙elle retire de positif de la rupture :

  • A-t-il∙elle appris davantage sur lui∙elle-même lors de cette rupture?
  • Qu’est-ce qu’il∙elle a réalisé au cours de la rupture?
  • La rupture représente-elle certains avantages?
  • Qu’est-ce qui a été le plus difficile face à sa rupture? Au contraire, qu’est-ce qui a été plus facile que ce qu’il∙elle pensait?
  • Qu’est-ce qui l’a le plus aidé à traverser cette période?

La rupture représente-elle certains avantages?

2 Comment aider mon jeune?

Il n’est pas évident de savoir où se positionner lorsque notre jeune traverse une période de rupture. Les émotions sont souvent intenses, ce qui peut être déstabilisant pour vous, comme parents et adultes de confiance. Voir son ado pleurer, se remettre en question et perdre espoir peut être très difficile. Il est normal de se sentir impuissant∙e face à la souffrance d’une personne qu’on aime. Même dans le cas où vous voyez des aspects positifs à la rupture, il se peut que votre jeune ne les voit pas. Vous bénéficiez d’une vue d’ensemble, d’un regard adulte, alors que votre jeune a les « deux pieds dedans » et n’a pas encore le recul nécessaire pour voir plus loin.

Votre rôle est d’agir à titre de guide et de soutien pour votre jeune lors de cette période. Cette expérience demeure la sienne et malgré votre bonne volonté, vous ne pouvez pas lui enlever sa souffrance. Rappelez-vous que surmonter cette difficulté lui permettra de développer ses propres outils.

Comment aider mon jeune

Voici quelques pistes d’intervention,
à adapter à votre réalité

1. Offrir un espace pour se confier et être à l’écouter

Rappelez à votre jeune que vous êtes là pour l’écouter, en tout temps. Certain·es jeunes ont moins tendance à se confier que d’autres, c’est vrai. Par contre, le fait de savoir que s’il·elle en a besoin, vous êtes là, c’est très rassurant. Prenez le temps de l’écouter, d’entendre son histoire. Comment il·elle vit sa rupture? Comment il·elle se sent ? Qu’est-ce qui le·la fait le plus souffrir en ce moment? Se sentir écouté·e, sans jugement, ça peut être très rassurant pour un·e ado. Vous pouvez aussi créer un code avec votre ado qui lui permettra de vous faire savoir qu’il·elle a besoin de vous, sans avoir à le nommer explicitement devant les autres membres de la famille (ex. : quand je t’envoie cet émoticône par texto, j’ai envie de te parler seul·e à seul·e). Ce geste de complicité peut être rassurant.

2. Respectez son rythme

Certain·es ados sentiront le besoin de se confier à leurs parents dès les premiers moments suivant la rupture, mais pour d’autres, les confidences peuvent arriver plus tard dans le cheminement ou pas du tout. Il se peut également qu’un·e ado se sente moins à l’aise de se confier à vous. Vous pouvez alors simplement lui demander si une personne lui offre du soutien en ce moment : son ami·e, son·sa cousin·e, un membre de la fratrie, etc. N’hésitez pas à lui rappeler que vous êtes disponible s’il y a quoi que ce soit, mais sans insister si votre ado semble avoir besoin de temps seul·e.

3. Tentez de lui changer les idées

Lorsque vous sentirez que c’est le bon moment, que votre jeune est réceptif·ve, proposez-lui de faire une petite activité ou une sortie avec vous. Le but n’est pas nécessairement de parler de la rupture, mais de lui permettre de s’aérer un peu l’esprit et de revenir en mode « action ». Quelles activités aime-t-il·elle habituellement? Quelles sorties avez-vous l’habitude de faire ensemble? Qu’est-ce qui lui ferait du bien en ce moment, selon vous? N’hésitez pas à prendre les devants, tout en acceptant son refus si tel est le cas.

4. Demandez-lui ce qu’il∙elle a besoin

En tant que parents, il n’est parfois pas évident de savoir ce que notre ado a besoin lorsqu’il·elle traverse une période difficile. Bien sûr, vous êtes là pour lui proposer des choses, pour offrir une présence bienveillante et du soutien. Sachez que les jeunes sont en mesure de savoir ce dont ils·elles ont besoin, bien qu’ils·elles puissent accueillir certains conseils également. N’hésitez pas à lui demander, cela pourra orienter vos interventions et vous permettre de répondre à son besoin : d’être écouté·e? de recevoir des conseils? d’entendre votre histoire personnelle de rupture? de voir un membre de la famille (oncle, tante, grand-mère, grand-père)? de passer du temps seul·e? de passer plus de temps avec ses ami·es? de sortir prendre une marche sans parler?

Quand dois-je m’inquiéter?

La plupart des ados se sortent de la rupture amoureuse sans développer de problèmes. Évidemment, il est normal d’avoir besoin d’un temps pour faire le deuil d’une relation et retrouver un équilibre. Si votre ado prend un temps considérable à reprendre ses activités quotidiennes, n’éprouve plus d’intérêt ou de plaisir par rapport à ce qu’il·elle aimait avant, et ce, plusieurs semaines ou mois suivant la rupture, vous pourriez lui proposer d’aller chercher une aide extérieure telle qu’un∙e intervenant∙e de l’école, un∙e travailleur∙euse sociale, ou un∙e autre intervenant∙e qualifié∙e afin de l’outiller dans cette épreuve. Sachez que pour chaque ado, le moment où il∙elle se sent prêt∙e à demander de l’aide peut différer.

Les ami∙es de votre jeune sont souvent les personnes qui seront le plus au courant de ce qu’il∙elle vit. N’hésitez pas à les impliquer, si vous vous sentez à l’aise de le faire, en leur demandant comment va votre ado selon eux. Cela peut aussi être une occasion de leur mentionner qu’ils∙elles sont très important∙es pour votre jeune, et qu’il∙elle a sans doute besoin de leur soutien et de leur présence en ce moment.

Quand dois-je m’inquiéter?

N’hésitez pas à dire à votre ado ce que vous observez, ce qui vous inquiète.

Par exemple : « Je sais que demander de l’aide peut être difficile. Tu n’as peut-être pas envie de raconter ta vie à un∙e inconnu∙e. Je peux comprendre. Je m’inquiète pour toi et mon rôle est de m’assurer que tu ailles mieux. Nous pouvons faire cette demande d’aide ensemble. Je serai là pour toi. »

Certain∙es peuvent en venir à avoir des idées suicidaires lors de cette période difficile. Si c’est le cas, il est important d’aller chercher de l’aide. Les Centres de prévention du suicide peuvent vous aider à intervenir auprès de votre jeune et vous outiller. Les CLSC offrent aussi une foule de services pour les jeunes, si vous sentez qu’un suivi psychologique avec un∙e professionnel∙le pourrait l’aider.